« On a tous eu un jour une évidence qui nous apparaît soudainement. Un déclic qui frappe comme un «mais c’est bien sûr ! » et qui fait qu’aujourd’hui on s’en retrouve changé. Cet élément déclencheur nous est propre, il résulte de notre choix et tend vers ce qui nous attire le plus. Pour ma part, c’est la relation aux autres qui me fait réfléchir.
Avec un peu de recul, je me rend compte que toutes mes études ont été guidées par ces relations aux autres. En 2009, je décide d’étudier aux beaux-arts de Mulhouse, ville dont l’âge d’or fût amené par l’industrialisation du textile.
Étudier les arts, c’est donner beaucoup de soi. Montrer ses productions et être évalué par rapports à celles-ci, cela peut être assez perturbant. Par la suite, j’ai compris que les différents que j’avais avec certains professeurs m’ont poussé à quitter la section art pour aller en design textile, où je me sentais plus libre de créer, où on ne me forçait pas à rentrer dans un moule qui ne me correspondait pas. Là encore les liens entre les personnes ont guidé mes choix. Si bien que lors de mon diplôme de troisième année, j’ai travaillé sur la matière tissée et des techniques comme le tricot ou la broderie qui ne sont ni plus ni moins une succession méticuleuse de liens.
Plus mon parcours avançait plus ces liens se faisaient ressentir. Il manquait des connexions pour que tout me paraisse unifié: il fallait que je passe à un autre stade et approfondir cette question de liens entre les gens. Que représentaient-t-il ? Quelle signification leur donner ?
Au cours de ma quatrième année de beaux-arts j’ai ressenti comme une césure: je ne pouvais plus continuer jusqu’en master en ignorant toutes ces questions. J’ai toujours eu un attrait pour la psychologie, alors j’ai décidé de chercher dans quel domaine je pouvais concilier ma passion depuis toujours ( l’art et la création ) et mon attirance pour la compréhension de l’Humain. Ainsi, en quittant les beaux-arts ai-je trouvé l’art-thérapie.
Faire des liens, faire le lien est une chose importante dans une vie. En choisissant l’art-thérapie, j’ai choisi une profession où l’on aide les personnes à faire , à créer du liens. Après tout, je continue à tisser, mais d’une autre manière. »
Extrait de L’espace Imparfait , Marine Chevalier , Mémoire de fin d’études sous la direction de Jean-Pierre Royol, 2014.
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